Ce qu’il faut retenir des recommandations du gouvernement en matière de sites écoconçus

Ce qu’il faut retenir des récentes recommandations du gouvernement en matière de sites ecoresponsables

Le 28 novembre 2022, le gouvernement publiait un référentiel général d’écoconception de services numériques ou RGESN. Mené dans le cadre d’une mission interministérielle numérique responsable, les objectifs de ce référentiel sont de réduire la consommation de ressources informatiques et énergétiques et de contribuer à la baisse de l’obsolescence des équipements. Ces recommandations sont classées selon différentes thématiques. Long de plusieurs pages, on vous fait un tour rapide ici.

La stratégie dans l’écoconception des sites web

Le service numérique doit être évalué favorablement en termes d'utilité et doit prendre en compte ses impacts environnementaux. Il faut vérifier sa pertinence, son utilité et sa création de valeur en se rapportant à des référentiels comme les 17 ODD de l’ONU, limites planétaires, etc. Lorsque le service numérique répond à au moins un de ces objectifs, il doit être inscrit dans la déclaration d'écoconception ou dans les mentions légales.

Il est également important de ne pas inclure de fonctionnalités non essentielles ou inutiles sur son site web.

Aussi, il est recommandé de choisir son matériel numérique avec soin pour éviter de le remplacer et pour pouvoir le conserver le plus longtemps possible. Il est même préconisé d'utiliser du matériel le plus ancien possible afin limiter l'obsolescence.

La désignation d’un ou une référent(e) en écoconception permet de s'assurer que les équipes projet sont sensibilisées à l'écoconception de services numériques et permet d’encourager la prise en compte des enjeux environnementaux dans les projets.

De même, il est important de connaître les impacts environnementaux des services numériques à chaque phase, en effectuant un diagnostic basé sur une méthodologie d'analyse de cycle de vie (ACV) comme les certifications ISO. Les indicateurs d'impacts environnementaux à considérer a minima incluent la consommation d'énergie primaire, les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d'eau et l'épuisement des ressources.

Enfin, il est également nécessaire d’inclure dans sa stratégie une minimisation de l'empreinte carbone et un contrôle régulier afin de s’assurer que tous les engagements sont bien respectés.

Les spécifications en termes de stratégie écoresponsable

La stratégie de développement d'un service numérique doit prendre en compte les impacts environnementaux dès le début. Pour ce faire, il est important de réfléchir en amont aux choix de conception et d'architecture pour choisir la solution qui répond le mieux aux besoins.

En interne, gérer les environnements informatiques de manière responsable permet d'être plus éco-responsable. Il convient donc de lister les environnements actifs et de supprimer ceux qui ne sont plus utilisés, afin d'éviter de gaspiller des ressources informatiques inutilement. Afin de faire le meilleur choix, il est important de connaître les impacts environnementaux des composants d'interface (boutons, formulaires, etc.) et des systèmes de design qui sont utilisés dans le service numérique. Vous pouvez suivre notre guide pour utiliser des moteurs de recherches responsables alternatifs.

En externe, il est nécessaire de réduire les impacts environnementaux des services tiers, c'est-à-dire des services proposés par des fournisseurs externes (développeurs, organismes ou entreprises) qui apportent des fonctionnalités prêtes à l'emploi, comme le suivi d'audience, les lecteurs vidéo, les fils d'actualités des réseaux sociaux ou les mécanismes de captcha. Cela permet ainsi d’éviter de les re-développer en interne.

L’architecture d’un site écoconçu

En plus de réfléchir aux impacts environnementaux du développement et de l’architecture, il faut s'assurer que les composants non développés en interne soient également conçus de manière à réduire leurs propres impacts. Afin d’éviter une architecture surdimensionnée, il est possible de privilégier une architecture capable de s'adapter à la quantité de ressources utilisées en fonction de la consommation du service.

Pour limiter l'obsolescence du service, prévoir les évolutions des protocoles utilisés est une solution envisageable, comme par exemple la généralisation d'IPv6 et l'obligation d'utiliser HTTPS pour les navigateurs. Il faut également limiter ou réduire le transfert de données en choisissant un protocole adapté aux données à échanger. Vous pouvez suivre notre guide à ce sujet afin de trouver la solution adaptée à vos besoins.

Enfin, il est indispensable de promouvoir une démarche durable en encourageant l'utilisation de solutions et de technologies respectueuses de l'environnement.

UX/UI

En termes d’UX et d’UI, les recommandations gouvernementales englobent tous les aspects du domaine.

Tout d’abord, tous les utilisateurs n’ont pas accès à de hauts débits. Il est donc nécessaire de rendre les services numériques accessibles à un public large, même avec des connexions internet à faible débit. De cette manière, il est possible de réduire la fracture numérique et les ressources réseaux qu’un service numérique a besoin pour fonctionner.

Des mesures diverses peuvent réduire l’utilisation des ressources réseaux :

• Limiter les préchargements et la lecture automatique des contenus multimédias : vidéos, sons, animations, carrousel, etc ;

• Optimiser le parcours de navigation pour chaque fonctionnalité principale : mettre en place une pagination avec un défilement à la demande de l’internaute afin d’éviter l’enchaînement infini des contenus ;

• Limiter l’utilisation de services tiers non nécessaires : par exemple, sans activation des cookies, certains lecteurs vidéo sont désactivés et en attente de consentement pour pouvoir visionner la vidéo ;

• Utiliser des composants fonctionnels natifs : car ils n'ont besoin que de peu de ressources pour fonctionner, contrairement à des composants développés en surcouche ;

• Limiter l’utilisation de contenus multimédias à des fins uniquement décoratives : comme les vidéos ou les animations. Les micro-animations d’interface non décoratives et apportant une information à l'utilisateur (UX) sont pertinentes. Aussi, il est judicieux de permettre à l’internaute de mettre en pause les animations ;

• Réduire le poids ressources utilisées : une vidéo pèse généralement beaucoup plus lourd qu'un texte contenant des images. Privilégier l'utilisation des polices systèmes et se fixer comme objectif de n'utiliser qu'au maximum, deux polices différentes et au maximum quatre variantes au total ;

• Éviter de réaliser des requêtes clients / serveurs inutiles : dans un contexte de formulaire, de suggestion de résultats, etc, attendre d'avoir 3 caractères et 200 ms après saisie avant de lancer une requête réseau ;

• Limiter les échanges clients / serveurs : en précisant ou limitant les formats et poids lors de la saisie de l'utilisateur avant soumission du formulaire et en indiquant les erreurs de saisie ;

• Informer au préalable les utilisateurs des impacts environnementaux avant l'utilisation d'une fonctionnalité lorsque cette dernière est plus coûteuse  : pour chaque fichier téléchargeable, vidéo ou média consulté, ou pour un traitement long, comme un export de données, une information relative au poids du fichier ou le temps requis pour l'opération est affichée à l'utilisateur avec des équivalents en CO2 par exemple ;

• Limiter les notifications inutiles : les appliquer lorsqu’elles sont dans l'intérêt de l'utilisateur et éviter leur multiplications sur différents canaux (SMS, mails, notification d'application, notification d'interface, pop-in, etc.). Encore mieux : l'utilisateur peut désactiver les notifications ou choisir la fréquence de réception de ces notifications.

Contenus

Un contenu responsable permet de réduire la taille des fichiers téléchargés par les utilisateurs sur un site web.

Pour les images, il est recommandé d'utiliser le format vectoriel SVG pour les illustrations, icônes, logos et graphiques, le format JPEG pour les photos et le format PNG pour les illustrations avec aplats de couleurs et réduction de la palette des couleurs. Il est également conseillé d'utiliser des outils pour minifier et optimiser la compression des images (la compression à 60 % est visuellement acceptable pour les fichiers JPG).

Pour les vidéos, l'article gouvernemental suggère de s'adapter à la définition du terminal cible pour éviter les vidéos avec une définition élevée sur des smartphones. Par exemple, pour les sites web, éviter une définition de 1080p ou plus.

Pour les audios, il est conseillé d'utiliser des formats tels que MP3, OGG ou AAC plutôt que FLAC, AIFF ou WAV et de choisir un format adapté à l'utilisation (stéréo pour la musique, mono pour les dialogues) et d'éviter un ratio poids/durée élevé.

Pour les PDF, le gouvernement préconise d'utiliser des paramètres de compression pour générer des PDF optimisés web (visuels en 72dpi) pour une visualisation en ligne ou des PDF optimisés impression HD (visuels entre 150dpi et 300dpi) pour une impression.

Enfin, il est conseillé de définir une stratégie d'archivage et de suppression des contenus obsolètes pour éviter de conserver des données inutiles sur le site.

Frontend

D’autres recommandations visent le frontend afin d’optimiser la performance du site web, en particulier en termes de poids et de nombre de requêtes.

Il est mentionné de définir et de suivre un indicateur de poids maximum par pages, ainsi qu'un indicateur de nombre de requêtes maximum. Par exemple pour une page web (avec toutes les ressources chargées) qui pèse 2 Mo, l'objectif serait de descendre à 500 Ko. Selon le contexte, cet objectif peut être beaucoup plus bas. Autre exemple, pour un site web, il serait intéressant d'avoir moins de 30 requêtes par page au lieu de 100.

L’article du gouvernement précise aussi de vérifier que les fichiers téléchargés sont compressés et de charger uniquement les composants nécessaires (principe du lazy loading notamment avec l’outil Bootstrap).

Il est également conseillé de réduire ou de limiter les échanges entre le client et le serveur, ainsi que les données échangées, notamment les données personnelles (comme la webcam, le micro ou la géolocalisation).

Backend

Pour optimiser les performances des systèmes informatiques, les recommandations gouvernementales préconisent également plusieurs actions en backend.

Tout d’abord, il est important d'identifier les données, entrées API et ressources les plus utilisées et de les mettre en cache afin d'éviter de les régénérer. Il est également important de prévoir une durée d'expiration pour ces données, afin de les rafraîchir régulièrement.

En outre, mettre en place une compression de bout en bout permet de réduire la consommation de ressources réseau et de réduire la quantité de ressources transférées sur le réseau.

Il est également nécessaire de définir des dates d'expiration sur les données (fichiers, entrées en base de données, etc.) pour pouvoir les archiver ou les supprimer par la suite. Cela permettra d'alléger les bases de données et les serveurs physiques en éliminant les données non utiles.

Enfin, il est conseillé de rendre indisponible l'action qui génère le traitement (par exemple, un bouton de soumission de formulaire) et d'informer l'utilisateur que le traitement est en cours, éventuellement avec une durée approximative de traitement. Cela évitera les requêtes simultanées provoquées par l'utilisateur s'il ne sait pas que son action est en cours de traitement.

Hébergement

Choisir un hébergement écologique c'est un hébergeur qui a des engagements en faveur de l'environnement, en dehors du Code de Conduite européen sur les data centers. Il est recommandé de chercher des certifications environnementales telles que ISO14001 ou LEED. Il est également important de choisir un hébergeur qui a une politique transparente et écologique pour la gestion de ses équipements, comme une durée de vie totale des équipements supérieure à 8 ans. L'hébergement qui mesure et rend disponible les impacts environnementaux liés à son utilisation, en connaissant son PUE (Power Usage Effectiveness ou Indicateur d’efficacité énergétique) et son WUE (Water Usage Effectiveness) est à favoriser. Réduire les ressources passe aussi par la réduction des ressources informatiques et des stockages utilisés en ne dupliquant pas systématiquement toutes les données et en identifiant les données nécessaires à être dupliquées.

Aussi, il est primordial de réduire ou limiter la consommation d'énergie et d'eau nécessaire au fonctionnement et au refroidissement des serveurs, et d'éviter le stress hydrique. Promouvoir la transition vers des énergies renouvelables est nécessaire en privilégiant les PPA (Power Purchage Agreement) plutôt que les certificats d'origine de l'électricité.

Enfin, soutenir les initiatives permettant de récupérer l'énergie produite est intéressant car cela permet de réutiliser la chaleur fatale générée pour chauffer les bureaux ou d'autres installations à proximité.

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